LE MEGALITHISME DE L'ARC ALPIN

par Pierre CORBOUD 

archéologue,  collaborateur scientifique 

du Laboratoire d’Archéologie préhistorique et d'Anthropologie 

Université de Genève.

L'auditorium Terraqué était complet pour la conférence de Pierre Corboud. 

Le conférencier fit un exposé sur le mégalithisme de l'Arc Alpin, plus particulièrement sur les stèles anthropomorphes et des alignements de menhirs qui furent mises à jours sur le site valaisin de Sion-Petit Chasseur, ainsi que sur les gravures rupestres préhistoriques de la Crête des Barmes à Saint-Léonard (Valais, Suisse)

Menhirs Sion

Menhirs d'Yverdon

Le site du Petit Chasseur est un remarquable témoignage de l'évolution sociale dans cette région dès le troisième millénaire avant J.C. où les porteurs de la civilisation de la céramique campaniforme reprennent la tradition des tombes en dolmens mais en construisant de nouvelles sépultures collectives avec des stèles anthropomorphes . 

tombe La Barmaz

Ces stèles présentent des éléments de comparaison avec certains motifs gravés sur la roche de Saint-Léonard. La découverte et l'étude en 1974 de la roche gravée de Saint-Léonard apporte des connaissances essentielles sur les populations préhistoriques du Néolithique et de l'âge du Bronze dans le Valais. La roche gravée de Saint-Léonard se situe à mi-distance entre les villes de Sion et de Sierre. A la faveur d’un affleurement de marbre gris, poli par le glacier, pendant près de quatre millénaires les populations préhistoriques de la région ont gravé des motifs en relation avec leurs croyances et leur pensée symbolique. Ici, paradoxalement, c’est la faible dureté de la roche qui nous a permis d’établir une chronologie des gravures, basée sur l’usure des motifs liée à l’altération de la pierre. 

Ainsi, quatre phases d’usure ont été identifiées qui correspondent chaque fois à une phase chronologique déterminée. Sans entrer dans le détail de l’attribution chronologique de chaque phase, l’utilisation de cette roche pour y graver des motifs s’est étendue entre le Néolithique moyen et l’âge du Bronze.

orant

labyrinthe

ANDRE HOUOT, dessinateur de la préhistoire

(infos JF Brishoual)

Couverture

Au cours de cette conférence du mercredi 27 août, consacré  aux « mégalithes de l'arc alpin », Pierre Corboud a présenté plusieurs illustrations, à propos notamment du site du Petit Chasseur à Sion, citant le nom de leur auteur : André Houot.
Dessinateur de grand talent, et fin connaisseur de la préhistoire, André Houot publia dans les années 90 une  bande dessinée remarquable,Le Soleil des Morts,qui raconte une histoire d'amour... imaginaire vécue il y a 4500 ans dans une vallée des Alpes.
Cet ouvrage  contient nombre de vignettes reprenant le site de la nécropole néolithique et est préfacé par Alain Gallay, également co-scénariste, préhistorien et ethnologue, professeur à l'université de Genève, qui donna à Carnac une conférence en juillet 2011, intitulée « les sociétés mégalithiques aujourd'hui »

Cette bande dessinée était en fait le quatrième tome d'une « série» ainsi composée :

tome 1:le couteau de pierre : -5000 ans

tome 2 : tête brûlée : -13000ans

tome 3 on a marché sur la Terre: - 2 millions d'années.

Editions du Lombard

Ces très belles et intéressantes images que l'on peut agrandir par un clic illustrent des cérémonies funéraires. Le tombeau est dressé sur un podium triangulaire en pierre sèche. Devant ce dolmen sont dressées des stèles anthropomorphes qui représentent un personnage debout, ancêtre, chef, personnage important.

On peut y voir les riches gravures, avec arc et pendeloques.

Ces monuments funéraires mégalithiques se situent à la charnière entre le néolithique et l’âge de bronze.

En Indonésie, la production à partir de carrières de mégalithes, parfois très décorées, faisait encore partie des traditions culturelles de l'île de Nias au siècle dernier. Il y avait des statues de pierre, des bancs de pierre pour les chefs et des tables en pierre pour exercer la justice. Des mégalithes étaient aussi nécessaires à la commémoration de défunts de la noblesse afin qu'ils puissent rejoindre leurs pieux ancêtres dans l'au-delà. L'érection d'une telle pierre préludait à un festin rituel. La photo ci-contre présente une de ces pierres rituelles, tirée (vers 1915) sur une pente. L'histoire locale veut que 525 personnes aient, en trois jours, érigé cette pierre dans le village de Bawemataloeo.